35

 

Et tu rendras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, coup de fouet pour coup de fouet.

Le Livre des Morts chrétien.

 

Boggs avait eu faim durant les vingt années qu’avait duré sa vie jusqu’ici ; mais aujourd’hui, il n’ignorait pas que sa faim était d’une nature différente. Il s’était réveillé sans ressentir de douleur dans ses os pour avoir dormi à même le sol ; et quand il s’était gratté la tête, une poignée de cheveux lui était restée dans les mains. Ce n’était pas la faim qui causait cela, il le savait, mais la fin de la faim. Il regarda, autour de lui, les corps immobiles et décharnés des membres de sa famille blottis les uns contre les autres sous l’arête rocheuse qui les protégeait précairement. Aujourd’hui, il leur trouverait à manger ou il mourrait en essayant, car de toute manière il savait qu’il mourrait s’il échouait.

Boggs était né avec le bec-de-lièvre, la fente nasale épatée et les pieds bots qui caractérisaient toute la famille de son père. Ses six frères avaient les mêmes malformations, mais deux seulement étaient encore en vie. Son père était mort lui aussi. Comme Boggs, ils avaient tous connu la faim, leur ennemie, depuis la naissance. La malformation des lèvres rendait futile la tétée, qui n’était plus qu’un simple bruit accompagnant la sortie du liquide qui dégoulinait en grande partie sur le menton. La mère faisait tous ses efforts pour récupérer ce qu’elle pouvait avec ses doigts et le repousser vers la lèvre fendue. Boggs l’avait vue faire cela d’innombrables fois avec ses frères.

La semaine dernière, il l’avait vue en train d’essayer de nourrir ainsi son petit frère âgé de dix ans, qui n’avait même pas eu une larve à se mettre sous la dent. Mais leur mère était sèche depuis deux ans et le petit garçon était mort en agrippant une poignée de cheveux orange tombés tout seuls. Boggs contempla de nouveau la touffe de cheveux de la même couleur qu’il tenait à la main, puis la lança faiblement un peu plus loin.

— Je vais prendre la ligne, m’man, dit-il avec l’intonation chantante caractéristique du parler îlien. Je ramènerai une belle murelle.

— Tu n’iras pas là-bas, répondit-elle d’une voix rauque, desséchée, qui remplissait l’étroite cavité qu’ils avaient creusée sous l’arête rocheuse. Tu n’as pas de permis pour pêcher. Ils te tueront et ils confisqueront la ligne.

Son père avait supplié le détachement local de la sécurité de lui donner un permis. Tout le monde savait que de nombreux permis temporaires étaient délivrés chaque jour et que certains pouvaient même les payer en vendant une partie de leurs prises. Mais le Directeur avait fixé un nombre à ne pas dépasser par jour. « Mesure de conservation, disait-il. Autrement, les gens auraient vite fait d’épuiser les ressources et plus personne n’aurait de quoi manger. »

Conservation, se disait amèrement Boggs.

Il regarda la ligne de pêche enroulée autour de la cheville de sa mère. Deux hameçons brillants y étaient accrochés. Ils avaient eu un sac de fibre où ils mettaient les appâts, mais cela faisait des semaines qu’ils avaient mangé le sac. Il ne leur restait plus que les dix mètres de ligne synthétique et les deux hameçons de métal.

Boggs rampa vers sa mère jusqu’à ce que leurs visages soient à la même hauteur. Elle avait les mêmes orbites écartées et les mêmes yeux bleus protubérants que sa propre mère. Mais un voile laiteux obscurcissait à présent le bleu. Boggs s’arracha de nouveau une poignée de cheveux et les lança à un endroit où elle pouvait les voir.

— Tu sais ce que ça veut dire, murmura-t-il.

L’effort qu’il avait fait pour ramper et pour parler l’avait épuisé, mais il réussit quand même à poursuivre :

— Je suis fini.

Il tira, cette fois-ci, sur ses cheveux à elle, qui se détachèrent également en une touffe rêche.

— Toi aussi, tu es finie, dit-il. Regarde.

Les yeux chassieux de sa mère se posèrent lentement sur une preuve dont elle n’avait pas besoin et elle hocha la tête.

— Prends-la, dit-elle simplement.

Elle replia son genou contre sa poitrine décharnée et Boggs déroula maladroitement la ligne enroulée autour de sa cheville.

Il se glissa hors de l’abri et, partout où portait son regard jusqu’à la côte, vit d’autres hommes qui sortaient de leur trou ou de dessous l’abri de haillons ou de carton où ils dormaient. Çà et là, de minces filets de fumée avaient l’audace de troubler la sérénité de l’air.

Boggs prit sa canne à tâtons, s’en aida pour se redresser et clopina lentement vers la côte. Il s’était cru trop maigre pour transpirer, mais la sueur perla tout de même sur sa peau. C’était un filet glacé, au début, mais l’effort de la marche au milieu des détritus et des mourants le réchauffa bientôt.

Une petite jetée dominait la marée montante. C’était un amalgame de roches éclatées qui faisait une vingtaine de mètres de long et cinq ou six de large. Les changements du second quartier de marée projetaient par-dessus la roche noire quelques lames qui aspergeaient les pêcheurs munis de permis, courbés face aux embruns.

Il fallut à Boggs plus d’une demi-heure pour parcourir la faible distance qui séparait son abri du début de la jetée. Sa vision était imparfaite, mais il scruta néanmoins le rivage à l’affût d’un signe de présence d’une patrouille de la sécurité.

Patrouilles anti-démons !

La sécurité de Vashon envoyait régulièrement des patrouilles dans les secteurs où les réfugiés étaient regroupés. La raison officielle était leur protection contre les capucins vifs et, ces derniers temps, contre les terribles tumeurs de névragyls venues du sud. Boggs frissonna. Il les avait vus attaquer une famille, la saison précédente, en pénétrant dans leurs orbites pour déposer leurs œufs dégoûtants à l’intérieur de leur crâne. Il avait cru les membres de cette famille trop faibles pour hurler, mais il s’était trompé. Ce n’était pas un joli spectacle. Et la patrouille avait pris sadiquement son temps pour nettoyer tout cela au lance-flammes.

Tout le monde connaissait les vraies raisons de ces patrouilles sur le rivage. Ils voulaient simplement les empêcher de se procurer de la nourriture. Le Directeur faisait courir des bruits selon lesquels la pêche à outrance alimentant le marché noir mettait en danger l’économie de Pandore. Boggs n’avait jamais vu trace de cette pêche à outrance, de même qu’il n’avait jamais vu trace d’une économie sur Pandore. Le petit poste de radio de sa mère lui avait enseigné le mot, mais pour lui cela ne serait jamais rien de plus qu’un mot.

Un bûcher funéraire fumait encore sur sa gauche. Trois petits tas de cendres achevaient de se consumer au sommet d’un tertre de pierres à peine un peu plus haut que la marée haute. Les pauvres n’avaient même pas assez de bois pour incinérer leurs morts. Quand les corps s’accumulaient, les patrouilles de la sécurité s’amusaient à les arroser de flammes avec leurs crashtubes. Ils appelaient cela leur entraînement contre les névragyls.

Quelqu’un montait la garde près du bûcher, de l’autre côté du tertre. Boggs se rapprocha prudemment et vit que c’était Silva. Il s’arrêta, retenant sa respiration. Silva était une fille de son âge. Le bruit courait qu’elle avait tué ses sœurs et son jeune frère pendant leur sommeil. Personne ne levait la main sur elle maintenant qu’elle entretenait leur bûcher dérisoire. Boggs espérait qu’elle ne le verrait pas. Il avait besoin d’appâts, mis il savait qu’il n’était pas en mesure de se battre pour s’en procurer.

Il se mit à quatre pattes et rampa jusqu’au pied du tertre. Puis il leva le bras et chercha, à tâtons parmi les pierres chaudes, quelque chose qui n’eût pas la consistance d’un galet. Quand il le trouva, il tira dessus, à plusieurs reprises, jusqu’à ce que cela cède. C’était brûlant et carbonisé d’un côté, mais froid de l’autre. Sans pouvoir se résoudre à regarder, il ramassa sa canne à pêche et se retira. Silva ne l’avait pas vu.

Je lui rapporterai un poisson, se promit-il. J’en attraperai un pour m’man et les enfants, et un pour Silva.

La patrouille du second quartier n’était nulle part en vue.

Ils sont déjà passés, sans doute. Ils ont vérifié les permis et ils ratissent maintenant la grève pour voir si quelqu’un a caché du poisson.

Il resta à bonne distance des autres pêcheurs. Il pouvait leur venir l’idée de le dénoncer parce qu’il attrapait du poisson qui leur revenait normalement, ou bien de lui voler sa canne à pêche et son poisson avant de le rouer de coups comme ils l’avaient fait une fois avec son père.

Mais ils attendront que j’aie le poisson d’abord. C’est ce que je ferais si j’étais eux.

Il s’avança, accroupi, contre la jetée, de manière à être le moins visible possible à partir du rivage. Puis il attacha une pierre au bout de sa ligne et appâta les hameçons avec la chose à moitié carbonisée qu’il tenait dans son poing serré.

Ce n’est qu’un appât, se dit-il. Rien qu’un appât.

Il n’avait même plus assez de forces pour lancer très loin le bout de sa ligne. Il laissa donc reposer les appâts sur le fond, à cinq ou six mètres de son rocher. C’était assez profond pour que presque toute la ligne y passe. Il lui donnait un petit coup de temps à autre pour s’assurer qu’elle était bien libre. Il avait assez d’appât pour deux ou trois autres tentatives après celle-ci.

— Tu as ton permis, mon garçon ?

La voix bourrue, derrière lui, l’avait fait sursauter, mais il était trop faible pour bouger. Il ne répondit pas.

— Tu t’y prends bien tard pour commencer ta journée, si tu as un permis, reprit la voix. Il n’est valable qu’un seul jour, c’est dommage de le gaspiller.

Quelques cailloux s’entrechoquèrent tandis que l’homme descendait jusqu’à l’endroit où Boggs s’était calé entre deux rochers. Il était maigre et livide. Une touffe de poils lui couvrait le menton, mais il n’avait pas de cheveux sur la tête. La peau de son crâne pelait et son visage était couvert d’ecchymoses.

— Je suis un clandestin, moi aussi, dit-il à Boggs. Je me suis dit que c’était ma dernière chance. Et toi ?

— C’est pareil.

L’homme tendit la main, derrière Boggs, pour toucher l’appât un instant entre ses doigts. Il le reposa avec un grognement.

— Pareil pour moi aussi.

Sa voix était encore plus basse que celle d’un clandestin. C’était celle de quelqu’un qui avait honte.

Soudain, la ligne de Boggs se tendit, de plus en plus fort. Il y eut plusieurs secousses à lui arracher les bras.

— Ça mord ! s’écria l’homme. Ça mord !

Dans son excitation, il avait élevé la voix et ses lèvres craquelées s’étaient mouillées de salive.

— C’est une belle pièce, pour sûr ! continua-t-il. Laisse-moi t’aider à…

— Non ! fit Boggs en enroulant la ligne autour de son poignet et en la relevant d’un bon mètre. Il est à moi ! Il est à moi seul !

Une chose était certaine, le poisson en question était si gros et fort qu’il n’avait pas à remonter à la surface pour se débattre. Mais Boggs gagnait progressivement de la ligne. Ses pieds difformes bien calés contre le rocher, il mettait toute la force de son dos décharné dans la traction. Il estimait qu’il n’avait pas beaucoup plus de deux mètres à gagner, mais il ne voyait toujours rien à cause des taches noires qui flottaient devant ses yeux. Il entendit l’homme pousser un grognement de surprise et se mettre à escalader précipitamment les blocs derrière lui. Boggs resta seul, toujours calé contre son rocher, la ligne enroulée en désordre autour de ses deux bras. Il n’y avait plus rien à tirer.

L’eau se mit à bouillonner à ses pieds et sa prise, qu’il ne distinguait toujours pas, lui agrippa soudain la cheville. La poigne était ferme, humaine. Et ce fut un rire humain que Boggs entendit.

— Cette fois-ci, c’est un gros que tu as attrapé ! rugit une voix. Pourrais-tu me montrer ton permis ?

Le rire résonna de nouveau.

— Vous n’êtes pas… vous n’êtes pas…

— De la Sécurité ? fit l’homme en l’attirant vers l’eau sur la roche dont les aspérités lui égratignaient les fesses au passage. On ne peut rien te cacher, gamin. Et alors, ce permis, tu me le montres ?

Progressivement, l’homme de la sécurité faisait perdre prise à Boggs, qui était trop faible pour résister. Quand ils furent face à face, Boggs distingua le respirateur qui pendait contre la combinaison de plongée et la chevelure noire de l’homme qui dégoulinait sur son front massif.

— Tu n’en as pas, hein ? Tu n’en as pas ! Réponds-moi !

Il secoua Boggs si fort qui celui-ci eut l’impression de sentir ses os s’entrechoquer à l’intérieur de son corps décharné.

— Euh… non, je…

— Tu crois que c’est bien, de voler la nourriture des autres ? Tu crois que tu as le droit de décider qui doit vivre et qui doit mourir ? Seul le Directeur a ce droit. Mais moi, gamin, je vais te montrer où sont les gros poissons.

Sur ces mots, l’homme remit l’embout de son respirateur dans sa bouche, plaqua les bras du garçon contre son torse et se laissa retomber en arrière avec lui dans la mer.

Boggs toussa une seule fois quand le premier filet d’eau envahit ses narines, puis suffoqua lorsque cela fit explosion dans ses poumons trop faibles. Il ne voyait plus rien d’autre que la tache de lumière qui s’étalait à la surface comme une fleur dont les bulles d’air qui montaient de sa bouche auraient été la tige.

Le Facteur ascension
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